Les informations ont été prises sur "Internet" et réalisées par "Météo France"
J'ai pris les Synthéses
A titre de rappel:
Vagues de Froid et de chaleur depuis 1947
Voir ci dessous en bas de page un historique Climat: Mortelles canicules
Sous nos latitudes tempérées, la mortalité est plus élevée en hiver que dans les autres saisons, les personnes âgées
ou malades supportant mal les baisses de température et le raccourcissement des jours. Pour cette raison les grandes
catastrophes sanitaires qui ont jalonné l’histoire sont spontanément associées aux hivers les plus rudes.
Pourtant, les chroniques montrent que les pics de chaleur et les étés caniculaires, avec la
sécheresse/épidémies/incendies qui les accompagnent, ont toujours causé davantage de dommages et de victimes que les
grands froids. Elles nous font découvrir des calamités passées plus violentes et plus meurtrières que celles de l'été 2018
ou 2019 dans l'hémisphère nord. Mais ne nous y trompons pas. Avec le réchauffement climatique en cours, ces calamités ont
toute probabilité de se reproduire bientôt d'année en année avec une intensité croissante si aucun remède n'est porté à
notre surconsommation d'énergie fossile: autos/avions/agro-industrie...
Au moins sommes-nous avertis! Rien à voir avec la canicule de 2003, en France, quand les journalistes n'ont rien vu du
drame en cours... (Julien Colliat)
Contrairement à une idée reçue, les épisodes de sécheresse furent au cours des siècles passés bien moins
préjudiciables sur les rendements agricoles que les étés pluvieux.
Un exemple significatif est le terrible orage qui frappa (13/07/1788) la France et détruisit les récoltes de blé,
provoquant une disette qui ne sera pas sans lien avec les événements qui allaient suivre un an plus tard.
Si les étés caniculaires ont été à l’origine de catastrophes sanitaires récurrentes, c’est d’abord en raison des
pénuries d’eau, le niveau des nappes phréatiques baissant drastiquement lors des épisodes de sécheresse.
Moins abondante, l’eau devient plus vaseuse et sa consommation génère des infections bactériennes, telles que la
dysenterie, une maladie des intestins qui fut un véritable fléau. Au Moyen Âge, la dysenterie emporta ainsi de nombreux
souverains: Louis VI le Gros/Louis VIII/Saint Louis/Philippe V/Jean sans Terre/Édouard I°/Henri V d'Angleterre.
Au cours des siècles suivants, elle coûta notamment la vie au conquistador Hernan Cortès/à l’écrivain Étienne de la
Boétie/au corsaire Francis Drake/ à l’explorateur David Livingstone.
Apparu à la fin du XV°, le mot «canicule» vient du latin canicula qui signifie «petite chienne». C’est sous ce nom qu’avait été baptisée Sirius, principale étoile de la constellation du Grand Chien, et étoile la plus brillante du ciel après le Soleil. Sirius se lève et se couche en même temps que le Soleil (22/07 au 23/08). Comme c’est durant cette période que les fortes chaleurs sont les plus fréquentes, l’expression «jours de canicule» qui renvoyait à l’origine à la période de l’année où l’étoile était visible, a progressivement fini par désigner les journées extrêmement chaudes.
Le nombre des victimes des grandes chaleurs de l’Antiquité et du Moyen Âge sont très difficiles à évaluer, les
surmortalités estivales se confondant avec les épisodes de famines/épidémies de peste. Il faut véritablement attendre
le XVII° pour commencer à disposer des premières données chiffrées.
1636: 500'000 morts
L'année où Corneille écrit (1636) le Cid, un été caniculaire frappe la France, et plus précisément la capitale où les
témoins décrivent «un effroyable harassement de chaleur» qui se maintient pendant plusieurs semaines. Cette terrible
vague de chaleur et les maladies infectieuses qu’elle engendre vont provoquer la mort de 500'000 personnes.
Un chroniqueur du nord de la France témoigne:
«Cette année 1636 a été mémorable pour la grande mortalité et contagion qui a été très forte par tous les pays, villes
et villages, ayant emporté une bonne partie des créatures partout où elle s’est attachée (…) une infinité de monde qui
est mort par fièvres chaudes, dysenteries.»
4 ans seulement avant l’un des pires hivers de l’Histoire, la France dut de nouveau faire face à un été caniculaire (1705).
À Paris, les 39 degrés sont atteints durant plusieurs jours tandis que dans le sud du royaume la chaleur est telle que
les thermomètres sont brisés par la dilatation du liquide. Cette canicule sera suivie par 2 autres étés extrêmement
chauds. Leur bilan humain total est évalué entre 200'000 et 500'000 victimes, une nouvelle fois causées par les infections
de l’eau.
Mais le pire était encore à venir. 2 étés caniculaires se succèdent (1718/1719).
Durant le second, les fortes chaleurs s’étalent sans discontinuer de juin à la mi-septembre.
Une forme de climat saharien s’abat sur la région parisienne et les témoins rapportent même l’invasion de nuées de
sauterelles en provenance d’Afrique du Nord. Elles ravagent les cultures jusqu’en Normandie!
La sécheresse est si importante qu’à Paris, la Seine atteint son plus bas niveau historique. C’est à ce niveau record
(26,25m au-dessus du niveau de la mer) que correspond la cote zéro de l'échelle hydrométrique du pont de la Tournelle,
autrefois utilisée pour mesurer la crue de la Seine.
Ces 2 étés caniculaires saignent à blanc le royaume: 700'000 morts (dont 450'000 pour 1719) pour un pays qui
compte ~20mhab. Les victimes sont essentiellement des bébés/ enfants, atteints de dysenterie véhiculée par l’infection
des eaux devenues trop basses.
Au cours du XVIII°, d’autres étés caniculaires entraînent des pics de mortalité considérables.
Les étés 1747 et 1779 font ainsi chacun ~200'000 victimes.
À chaque fois, dans l’indifférence quasi-générale, ce sont des générations entières de nourrissons qui sont décimées
par les maladies infectieuses en conséquence de la chaleur et de la sécheresse.
Au XIX°, les 2 canicules les plus meurtrières eurent lieu en 1846 et 1859 (année marquée par l’un des mois de juillet
les plus chauds de l’histoire).
Les bilans humains furent néanmoins légèrement plus faibles qu’au siècle précédent, avec à chaque fois une
centaine de
milliers de victimes.
Les améliorations sanitaires de la seconde moitié du XIX° réduisent considérablement les pics de mortalité des vagues
de chaleur.
Alors que les scientifiques de la "Belle Epoque" affirment que les catastrophes humaines du passé sont à jamais révolues,
un nouvel été caniculaire va totalement remettre en cause les présupposés hygiénistes de l’époque...
Après un printemps extrêmement froid (il neigea [07/04/1911] à Perpignan !), les températures grimpèrent (1911) en
flèchent au début du mois de juillet et atteignirent rapidement des niveaux exceptionnels. On releva par exemple 38°C à
Londres!
La canicule se maintint malgré quelques brèves périodes d’accalmie jusqu’à la mi-septembre. Les températures moyennes
de l’été furent les plus hautes depuis la Révolution et ne furent dépassées ensuite qu’en 1947 et 2003.
Parallèlement, l’absence de précipitations provoqua une très rude sécheresse, mettant à sec une partie de la Marne et
privant d’eau certains quartiers de la capitale.
Mais c’est sur le plan humain que l’été 1911 aura été le plus dramatique puisqu’il causa la mort prématurée de
40'000 personnes.
Une fois encore, la grande majorité des victimes furent des nourrissons, décédés des suites de toxicoses
(déshydratations de l’enfant), provoquées par des diarrhées et des gastro-entérites.
Cette surmortalité infantile fut en outre aggravée par une épidémie de fièvre aphteuse qui frappa les vaches laitières
normandes durant la canicule, générant une pénurie de lait qui affecta une grande partie du pays et contraignit les
nourrissons à absorber des farines lactées que leurs estomacs ne supportèrent pas toujours. C’est la raison pour laquelle
c’est chez les enfants des classes sociales supérieures, placés en nourrice et soumis à l’allaitement artificiel, que
la canicule fit le plus de victimes!
Si l’on est loin des hécatombes du XVIII°, cette crise sanitaire alerte sérieusement les pouvoirs publics, désormais
préoccupés par un risque de «dépopulation» qui pourrait résulter de nouveaux épisodes climatiques exceptionnels.
À la suite de cette tragédie, la santé des enfants, en particulier celle des nourrissons, fut dorénavant privilégiée, et
les pouvoirs publics commencèrent à mettre en œuvre une vaste politique de sensibilisation.
Paradoxalement, l’été 1947, qui a été le plus chaud du XX°, ne provoqua aucune surmortalité. Cela s’explique probablement
par le fait que les personnes les plus fragiles avaient succombé précocement en raison des privations de la guerre et
du rude hiver qui avait précédé.
37°... à l'ombre! Et on nous promet davantage!
La presse parisienne, comme dans Le journal (10/08/1911) sont éloquents: les citadins sont désemparés face aux
épisodes caniculaires. Comme aujourd'hui, on se plaît à aligner des records de température...
Les 15'000 morts de l’été 2003
Presqu’un siècle après la tragédie de 1911, un nouvel été caniculaire toucha (08/2003) l’ouest de l’Europe. La vague de
chaleur fut la plus importante que la France ait connue depuis l’enregistrement des relevés météorologiques. Un record
absolu de température fut notamment battu dans le Gard avec 44,1°.
La canicule 2003 provoqua surtout une crise sanitaire de grande ampleur qui coûta la vie à ~15'000 personnes.
Ce pic de mortalité fit chuter de 2 mois le chiffre de l’espérance de vie des Français, pourtant en augmentation
constante (hors années de guerre) depuis 2 siècles.
Mais contrairement aux précédentes vagues de chaleur, la majorité des morts de la canicule ne furent pas des nourrissons
mais des personnes âgées, victimes de déshydratation. Cette crise sanitaire suscita d’importantes polémiques et
le gouvernement, accusé de ne pas en avoir mesuré l’ampleur, fut durement critiqué.
La France ne fut cependant pas le seul pays touché par cette catastrophe climatique, responsable de la mort prématurée
de 70'000 personnes en Europe de l’Ouest.
Cette tragédie obligea les pouvoirs publics à mettre aussitôt en place des politiques préventives, mais cette fois à
destination des personnes âgées. Celles-ci ont porté leurs fruits et permirent d’éviter de nouvelles crises sanitaires,
notamment lors de la canicule de juillet 2006.
Lorsqu’elles s’accompagnent de sécheresse, les vagues de chaleurs ont pour effet d’accroître le risque d’incendie,
le bois sec brûlant plus facilement.
C’est lors d’étés extrêmement chauds et secs que se déclenchèrent 2 des plus célèbres incendies de l’histoire:
- Rome (an 64): il fit des milliers de victimes
- Londres (1666): bilan officiel: 8 morts.
Le nombre total de disparus pourrait dépasser plusieurs centaines, de nombreux cadavres ayant brûlé entièrement dans les
décombres compte tenu de l’intensité du feu.
Notons aussi le grand incendie meurtrier qui frappa (19-25/08/1949) la forêt des Landes. Il détruisit 52'000ha de bois
et de landes, autour de la commune de Cestas; 82 morts (sauveteurs/ pompiers/militaires). Dû à un été très chaud et sec
mais aussi à l'absence d'entretien de la forêt pendant la WWII, il conduisit l'État à prendre des mesures drastiques
pour prévenir le retour de semblables catastrophes (réseaux d'alerte/coupe-feux/ plantations de feuillus...).
La région d'Athènes sera frappée (07/2018) dans des conditions semblables.
Comme on le constate (09/2017) avec les ravages de l’ouragan Irma à Saint-Barthélemy et Saint-Martin
(Antilles françaises/néerlandaises), les chaleurs estivales se traduisent ponctuellement, dans les zones tropicales, par
l'apparition de cyclone, générant vents extrêmement violents/pluies diluviennes/montée du niveau de la mer. Leur
principale source d’énergie est la vapeur d’eau dégagée par une mer chaude.
Pour qu’ils se forment, il faut nécessairement que la température de l’eau soit supérieure à 26,5°C sur 50 mètres de
profondeur afin de générer une énergie thermique suffisante. Raison pour laquelle, c’est à la fin de l’été, lorsque les
eaux sont les plus chaudes, qu’apparaissent les cyclones. Appelés «ouragans» dans l’Atlantique nord et «typhons» dans le
nord-ouest du Pacifique, les cyclones sont la catastrophe naturelle la plus meurtrière après les séismes.
Au cours des derniers siècles, les départements français d’Outre-mer ont eu à subir des cyclones beaucoup plus meurtriers
qu’Irma. La Guadeloupe est frappée (09/1776) par un violent ouragan qui dévaste Pointe-à-Pire et fait >6'000 victimes.
Un ouragan d’une violence record traverse (1780) les Petites Antilles. On déplore 9'000 morts en Martinique et 22'000
sur l’ensemble des Petites Antilles (essentiellement à la Barbade et à Sainte-Lucie). Il s’agit de l’ouragan le plus
meurtrier de l’histoire.
Survenu durant la guerre d'indépendance américaine, il occasionne en outre de très lourdes pertes aux flottes françaises
et anglaises présentes dans la région. D’autres ouragans frapperont les Antilles françaises au cours des siècles suivants.
La Martinique est dévastée (1891) par un ouragan qui provoque la mort de ~700 personnes. L’ouragan Okeechobee frappe
(09/1928) la Guadeloupe et fait près de 1'200 victimes. Les cyclones sont beaucoup moins meurtriers à la Réunion qu’aux
Antilles.
Bibliographie:
- Emmanuel Le Roy Ladurie/Abrégé d'histoire du climat du Moyen Âge à nos jours.
Entretiens avec Anouchka Vasak/Paris/Fayard/2007,
- Emmanuel Le Roy Ladurie/Histoire humaine et comparée du climat/Paris/Éd. Fayard/
t.1 «Canicules et glaciers XIII° - XVIII° siècles»/2004;
t.2 «Disettes et révolutions»/2006;
t.3 «Le réchauffement de 1860 à nos jours»/avec le concours de Guillaume Séchet/2009.